Récemment, on vous parlait du problème environnemental que représente la climatisation. La pollution qu’elle engendre, l’électricité qu’elle consomme et son utilisation croissante dans le monde en fait un enjeu central de la transition écologique.
On en reparle aujourd’hui avec le rapport de l’ADEME, publié en juin dernier, qui réalise un état des lieux de la climatisation de confort dans les bâtiments résidentiels et tertiaires en France.
L’ADEME, qu’est ce que c’est ?
ADEME = Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie
C’est un établissement public français sous tutelle du ministère de la Transition écologique et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Elle participe à la recherche dans tous les domaines de la transition écologique. Elle conseille les entreprises et politiques publiques, et participe au financement de certains projets s’inscrivant dans le cadre du développement durable.
En juin dernier, elle a livré un rapport sur l’usage de la climatisation en France, en 2020, par les ménages et les entreprises du secteur tertiaire (c’est-à-dire les entreprises, les commerces, l’éducation, etc…). Cette étude se base sur une enquête auprès de 800 ménages et une compilation de données sur le secteur tertiaire.
Climatisation : État des lieux 2020
Les taux d’équipement en climatisation augmentent
On observe, en effet, une augmentation du taux d’équipement en climatiseurs. Cela peut notamment s’expliquer par les épisodes caniculaires, de plus en plus fréquents en France.
Les ventes annuelles d’unités de climatisation s’étaient stabilisées autour de 350 000 jusqu’en 2014-2015. Depuis, elles sont en constante augmentation : en 2020, plus de 800 000 unités ont été vendues. Ce chiffre représente plus du double des ventes sur la période 2014-2015.
L’augmentation est notamment élevée chez les particuliers : le taux d’équipement est passé de 14% en 2016-2017 à 25% en 2020.
Le rapport souligne que ce chiffre varie selon certains critères comme le type d’habitation, la catégorie socio-professionnelle et le lieu d’habitation. Par exemple, le taux d’équipement des habitants du Sud-Est et de la Corse est de 47%.
Concernant le secteur tertiaire, une grande disparité est observée entre les bureaux, où le taux d’équipement atteint 64%, et les bâtiments d’enseignements, où celui-ci n’est que de 7%. Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration et les commerces sont aussi de forts consommateurs de climatisation. Ils représentent respectivement 46% et 55% de taux d’équipement.
À court terme, le recours à la climatisation devrait continuer à s’accroître dans le secteur résidentiel et tertiaire. Cependant les émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’elle génère posent un réel problème.
Des performances environnementales problématiques ?
Nous l’avions expliqué dans notre article, les systèmes de climatisation classique émettent des GES de deux manières. Tout d’abord par la quantité importante d’électricité qu’ils consomment. Mais aussi par le rejet de gaz frigorigènes qu’ils contiennent pour refroidir l’air.
En 2020, la consommation totale en électricité des climatiseurs des ménages est de 4,9 TWh. Celle du secteur tertiaire de 10,6 TWh. En termes d’émissions de CO2, cette consommation d’énergie correspond à près de 0,3 million de tonnes pour le résidentiel et 0,6 million de tonnes pour le tertiaire.
Cependant, la pollution liée aux rejets de fluides frigorigènes est bien plus importante que celle liée à la consommation électrique. Les fluides sont émis non seulement pendant l’utilisation des climatiseurs, mais aussi pendant leur fabrication, leur maintenance, sous forme de fuites et en fin de vie des appareils. Les émissions générées par les fluides sont mesurées en équivalent CO2. Elles atteignent près de 3,4 millions de tonnes équivalent CO2 pour l’année 2020.
Au total, les émissions de CO2 émises pas la climatisation en France représentent 4,4 millions de tonnes.
L’ampleur de ces émissions ne peut donc pas être ignorée. Il est important de réduire cette pollution, malgré le besoin croissant en climatisation.
Climatisation : que doit-on en retenir ?
Le rapport de l’année 2020 confirme la tendance observée dans le monde : la hausse de l’achat de climatiseurs, et de ce fait, la croissance de la pollution liée à ces appareils.
Il expose les chiffres de consommation en France et nous éclaire sur quels acteurs sont précisément impliqués : les ménages achètent de plus en plus de climatiseurs, mais ce sont surtout les entreprises qui ont un taux d’équipement très élevé. De plus, il nous apprend que l’ampleur de la pollution générée provient majoritairement des fluides frigorigènes plutôt que de l’électricité consommée (bien que celle-ci soit déjà à un niveau très élevé !).
L’ADEME met à nouveau en avant la nécessité de faire évoluer ce phénomène afin d’en limiter les conséquences néfastes. À l’échelle individuelle, nous devons, au moins, faire bon usage de la climatisation : prendre le temps de choisir un bon appareil, le faire entretenir par un professionel et surtout en avoir une utilisation raisonnée. Au mieux, nous devons nous tourner vers d’autres alternatives plus naturelles, comme la ventilation et la bioclimatisation, ou encore améliorer la conception de nos logements d’un point de vue énergétique. Les comportements de chacun sont la clé pour faire évoluer l’usage de la climatisation et la pollution qui l’accompagne !
Foire aux questions
Quelle est la consommation de climatiseur en France ?
En 2020, 800 000 appareils ont été vendus en France. C’est deux fois plus qu’il y a 5 ans. Cette hausse est notamment importante pour les particulier, qui ont vu leur taux d’équipement grimpés de 14% en 2016-2017 à 25% aujourd’hui.
Quels sont les secteurs qui utilisent le plus la climatisation ?
Les bureaux (activité tertiaire) ont le taux d’équipements le plus élevés : 67%. Les commerces, le secteur de la santé et l’hôtellerie ont aussi des taux élevés (supérieur à 40%). Au contraire, l’enseignement est faiblement équipé, avec un taux à 7%.
Quelle pollution la climatisation engendre-t-elle en France ?
Au total, la climatisation est responsable de l’émission de 4,4 millions de tonnes de CO2 par an. La consommation d’électricité est responsable de 0,9 millions et le rejet de gaz frigorigènes de 3,5 millions.
Sources
https://presse.ademe.fr/2021/06/la-climatisation-vers-une-utilisation-raisonnee-pour-limiter-limpact-sur-lenvironnement.html?utm_campaign=Newsletter+ADEME+ACTUS+N%25b0316&utm_source=Wewmanager&utm_medium=Email
https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/4745-la-climatisation-de-confort-dans-les-batiments-residentiels-et-tertiaires.html?search_query=climatisation&results=46