Se rafraîchir sans polluer cet été ! Dites non à la climatisation

Commentaires fermés sur Se rafraîchir sans polluer cet été ! Dites non à la climatisation

C’est l’été et il fait chaud ! Cette chaleur est parfois étouffante dans certaines régions et on peut être amené à s’en protéger de manière peu respectueuse pour l’environnement. L’utilisation de la climatisation est maintenant connue pour avoir des conséquences environnementales très négatives. Mais savez-vous pourquoi et dans quelle mesure cela constitue réellement un enjeu énergétique pour nos sociétés ?

On va vous expliquer pour quelles raisons il est vraiment nécessaire de limiter notre consommation de climatiseur, voire de s’en débarrasser. On vous présentera aussi les alternatives à cet appareil : la ventilation, la bio-climatisation, et d’autres techniques plus écologiques pour rafraîchir votre environnement. Quels sont leurs impacts environnementaux ? Sont-elles efficaces ? On essaye de démêler toutes ces informations pour y voir plus clair, et vous aider à choisir l’achat le plus pertinent !

Le problème du climatiseur classique

Tout d’abord, intéressons-nous au fonctionnement d’une climatisation classique pour comprendre pourquoi il est nécessaire de trouver des alternatives. Un climatiseur fonctionne comme une pompe à chaleur : le principe est de capter les calories de chaleur de l’air intérieur, à l’aide de liquides frigorigènes contenus dans l’appareil pour ensuite rejeter cet air chaud à l’extérieur, et l’air refroidi à l’intérieur.

bricozor.com

Ce fonctionnement implique trois différents effets néfastes sur l’environnement :  

  1. Le paradoxe de réchauffer pour refroidir : Le fait de rejeter de l’air chaud participe au réchauffement des villes, et peut être responsable d’une augmentation de la température de 0,5°C à 2°C. C’est un cercle vicieux: plus il fait chaud, plus on utilise la climatisation, et plus on utilise la climatisation, plus il fait chaud.
  2. Le fonctionnement d’un climatiseur est très énergivore, il consomme beaucoup d’électricité, majoritairement issue des énergies fossiles, ou du nucléaire en France.
  3. En rejetant l’air chaud à l’extérieur, le climatiseur participe à la hausse des émissions de GES, en rejetant aussi des résidus de fluides frigorigènes.

La clim est donc loin de représenter une solution optimale. Bien au contraire, elle constituerait plutôt l’angle mort du débat énergétique actuel. Selon le rapport de l’IAE (International Energy Agency) la consommation de masse dans certaines régions comme les États-Unis ou la Chine qui détiennent à eux seuls 58% du nombre total de climatiseurs dans le monde implique un lourd impact écologique. Il est à noter qu’aux États Unis, 90% des ménages possèdent un climatiseur, contre seulement 10% dans les régions les plus chaudes du monde. Enfin, les prévisions indiquent qu’avec le développement économique de certains pays émergents où les températures sont élevées, et la hausse du niveau de vie à venir de leurs populations, une augmentation de l’utilisation de ces systèmes de climatisation est à prévoir. La moitié de la croissance en consommation d’électricité pour la climatisation devrait provenir de Chine et d’Inde, où le nombre d’habitants est élevé et le climat chaud. 

Face à une telle situation, il est nécessaire de trouver des alternatives plus écologiques, qui sachent répondre à l’enjeu du besoin des diverses populations.

L’option ventilo 

Une alternative évidente à ce système de climatisation est le ventilateur classique. Le ventilateur, lui, ne refroidit pas mais brasse seulement l’air. Petit, léger mais d’une portée moindre qu’un climatiseur, il est plus bruyant mais moins cher que celui-ci. 

Concernant l’impact écologique des deux appareils, la consommation en électricité d’un ventilateur n’est que de 40 kWh contre 1450 kWh pour le climatiseur. De plus, comme expliqué précédemment, le climatiseur contient des GES et réchauffe l’air extérieur, ce que le ventilateur ne fait pas : il a un impact faible sur l’environnement, seule sa durabilité qui peut varier selon le modèle choisi pourrait être défavorable. La climatisation peut aussi avoir des conséquences sur la santé (choc thermique, irritations et infections des zones ORL) contrairement au ventilateur.

Comparaison ventilateur / climatiseur

Dernier point de comparaison important : alors que la climatisation peut générer un gain de fraîcheur allant jusqu’à 8°C, le ventilateur ne refroidit pas réellement l’air, mais génère seulement une sensation de fraîcheur par le brassage de celui-ci. Si l’air est trop chaud, son action sera fortement limitée.

En termes d’impact environnemental, la climatisation classique constitue réellement une aberration écologique, surtout en comparaison avec le très faible impact d’un ventilateur. Cependant elle reste des deux la méthode la plus efficace pour réduire la température, et il peut parfois être nécessaire d’y avoir recours (dans des régions d’extrême chaleurs, et quand bien même c’est un peu paradoxal). 

Il est donc intéressant de chercher d’autres alternatives, plus écologiques que la climatisation, mais plus efficaces que la ventilation.

La bio-climatisation

La bio-climatisation ou rafraîchisseur d’air évaporatif (RAE) est un système basé sur l’humidification de l’air de la pièce.

L’évaporation de l’eau est un moyen de rafraîchissement naturel : l’eau s’évapore en absorbant la chaleur. De l’eau est envoyée sur un filtre, sur lequel souffle un flux d’air, un peu comme si l’on plaçait une serviette mouillée sur un ventilateur. Plus l’air de base est sec (faible humidité relative), plus le refroidissement sera efficace. 

coolea.fr

La bio-climatisation permet de diminuer la température d’une pièce de 2 à 4°C, dans une zone de 3 à 4 mètres devant l’appareil. Un climatiseur classique permettra de diminuer davantage la température et l’on peut contrôler la température que l’on souhaite obtenir, contrairement à un rafraîchisseur d’air. La bio-climatisation a un largement meilleur rendement énergétique qu’un climatiseur classique : entre 45 et 70 watts. Elle ne rejette ni air chaud à l’extérieur ni de GES. Elle est moins chère qu’une clim classique et permet de réduire la facture d’électricité grâce à l’énergie économisée.

Contrairement au ventilateur, elle rafraîchit réellement l’air, et leur impact respectif sur l’environnement est à peu près comparable.

Pour résumer, opter pour un bio-climatiseur, c’est faire des concessions : favoriser un impact environnemental faible plutôt que maximiser l’efficacité. Il faut apprendre à faire des efforts « coûteux », puisque pour l’instant on n’a pas encore découvert d’alternatives plus écologiques et tout aussi efficaces que les systèmes classiques de climatisation. En revanche, dans beaucoup de cas, le choix d’un ventilateur ou d’une bio-climatisation devrait suffire. De plus, d’autres techniques naturelles peuvent s’allier à ces systèmes plus écologiques.

Et sinon ? 

Au-delà de ces appareils, d’autres méthodes existent !

Le bioclimatisme

Le principe du bioclimatisme consiste à profiter au maximum des ressources naturelles dont peut disposer une habitation. Cela peut passer par le choix du terrain de l’habitation, ou l’orientation de celle-ci. La compacité d’habitation est aussi importante : plus un bâtiment est compact, moins l’énergie contenue à l’intérieur ne se dissipera (à travers les murs et le toit). Enfin, une bonne isolation permet de réduire les besoins en chauffage ou climatisation. 

La végétalisation

Mettre en place des murs végétaux est un bon moyen naturel de refroidir son habitation en été (jusqu’à 15°C !), mais aussi de garder la chaleur en hiver, en apportant une seconde protection à l’habitation. Au-delà de l’isolation thermique, la végétalisation améliore aussi la qualité de l’air environnant, en réduisant la quantité de poussière mais aussi la présence de gaz carbonique.

Autres procédés innovants

Certaines innovations inattendues peuvent aussi réduire la chaleur des habitations. Récemment des chercheurs américains ont développé une peinture si blanche qu’elle réfléchit près de 95,5% de la lumière du soleil (contre 80% à 90% des peintures blanches “classiques”) ce qui lui permet de rester près de 4,5°C en dessous de la température ambiante. Cela pourrait constituer une solution intéressante pour réduire les besoins en climatisation. 

Que doit-on retenir ? 

Tout d’abord, qu’il est essentiel de se passer au maximum des systèmes de climatisation classique : les coûts énergétiques et environnementaux de leur utilisation sont très lourds. Cependant, le développement économique de pays émergents où les températures sont élevées, entraîne une hausse de la demande en climatisation par ces pays. Pour répondre à ces besoins il est nécessaire de trouver des alternatives. 

La ventilation et la bio-climatisation peuvent répondre à des besoins plus faibles en climatisation, et pourraient par exemple suffire en France. Mais ils restent moins efficaces, et insuffisants pour certaines régions chaudes. Pour l’instant, ils n’existent pas d’appareils plus écologiques et tout aussi efficaces : il faudrait donc essayer de réduire l’utilisation des climatiseurs classiques dans les régions où d’autres appareil suffisent, et laisser une sorte de “droit de polluer” aux régions qui en ont réellement besoin (tout en limitant les excès).

D’autres alternatives naturelles prenant en compte la conception de l’habitation sont intéressantes, comme exposer ses fenêtres vers le sud, ou végétaliser ses murs. Enfin des innovations pourraient apporter de nouvelles solutions.

L’enjeu de la climatisation est donc un débat énergétique important et ne cessera pas de l’être avec la hausse de sa demande par les pays émergents, mais aussi le dérèglement climatique et des canicules de plus en plus fréquentes. Comme pour toutes les luttes environnementales, il reste encore beaucoup à faire pour changer la situation, et des intérêts divergents peuvent obstruer cette évolution : le choix du Qatar de réfrigérer ses stades pour la coupe du monde 2022 en est un bel exemple…

Sources
https://www.lapresse.ca/environnement/dossiers/changements-climatiques/201805/15/01-5181962-le-paradoxe-des-climatiseurs-qui-rechauffent-la-planete.php
https://www.18h39.fr/articles/mais-que-sont-les-maisons-bioclimatiques-ces-habitats-ecolos-dont-tout-le-monde-parle.html
https://selectra.info/energie/guides/conso/climatiseur-ventilateur
https://www.iea.org/reports/the-future-of-cooling
https://www.leparisien.fr/sports/stades-refrigeres-au-qatar-un-expert-pointe-une-aberration-climatique-08-10-2019-8168406.php
https://www.lepoint.fr/societe/cette-clim-qui-surchauffe-la-planete-16-05-2018-2218973_23.php
https://sciencepost.fr/rechauffement-climatique-cette-peinture-est-si-blanche-quelle-serait-plus-efficace-quun-climatiseur/

Vincent

Je suis passionné d'écologie et de seconde-main. Je tente depuis 10 ans, de proposer aux gens des alternatives à la sur-consommation en achetant de seconde-main, reconditionné ou à réparer. J'écris sur nouveaux-conso les rubriques sur le calcul du score carbone.