De nos jours, tout objet est conçu pour être plus complexe qu’avant, plus compact et plus tout ! Sur chaque surface de la cuisine, un autre gadget en métal brille. D’un simple lave linge équipé d’un écran LED à une cafetière contrôlable depuis son smartphone, des appareils de tout type encombrent nos maisons – ou même nos placards, en raison de panne ou d’obsolescence qui arrivent plus souvent avec un objet high-tech. Malheureusement, la low-tech ne figure pas encore en bonne place lorsque l’on pense à la technologie.
Oui, ces gadgets sont cools, on doit l’avouer, mais en avons-nous vraiment besoin ? En plus du coût économique, quel est le coût environnemental et social de leur fabrication et leur utilisation à l’échelle globale ?
En désirant améliorer chaque aspect minutieux de notre vie avec cette merveille de la technologie, sommes-nous allé.es trop loin ?
Dans cet esprit, d’où vient l’idée de la low-tech ?
La low-tech : une solution alternative à l’avancée effrénée de la tech
Concevoir responsable, consommer responsable
La low-tech ou la “basse technologie” en français, n’est pas une notion facilement définissable. S‘opposant à la high-tech, il s’agit globalement de réduire le niveau de technologie dans un objet, par de nombreuses façons, afin de combattre l’avancée coûte que coûte de la technologie de pointe.
On sait toutes et tous que consommer de façon responsable, c’est essentiel pour protéger et préserver notre environnement. Concevoir un produit de manière plus ingénieuse permet de mieux gérer ses ressources (le temps et l’argent ainsi que les matériels) et ce faisant, réduire les impacts importants sur notre environnement dont les ressources limitées risquent de manquer dans le futur très proche. Promouvoir des produits et moyens de vie low-tech, cela représente également un changement du système qui a la tête dans le guidon et ne pense plus aux vrais besoins des personnes. La low-tech vise à remédier à cela en remettant la tech au service des gens.1
Les différents types de low-tech
Selon Low-Tech Magazine, la low-tech peut être : “la combinaison de l’ancienne technologie avec de nouvelles connaissances et de nouveaux matériaux, ou l’application d’anciens concepts et de connaissances traditionnelles à la technologie moderne.”2
Il s’agit de se demander : Est-ce que nous pourrions concevoir un objet de façon plus basique, en faisant appel aux connaissances ou technologies plus anciennes, sans utiliser autant de composants ou de ressources ?
Il est aussi question de regarder la balance bénéfice risque d’un produit visant à résoudre un problème. Cela se fait en envisageant les solutions proposées qui sont déjà en service à travers le monde et le bénéfice potentiel en plus qu’un nouveau produit pourrait apporter, ainsi que toutes les ressources que l’on doit investir dedans.
L’innovation n’est pas synonyme de high-tech
Attention ! La low-tech n’est pas antinomique avec l’innovation ou un futur plus avancé. Elle présente une vision même plus ambitieuse, puisque, axée sur la durabilité, elle va permettre de façonner un futur plus réaliste et plus engagé sur la durée à long terme.
En plus, l’innovation n’équivaut pas à la high-tech et n’appartient pas à elle seule !
Les solutions vraiment malines et efficaces vont considérer tous les aspects d’un problème et chercher à limiter les ressources pour rogner sur le temps ou l’effort (et donc l’argent) investi lorsque l’on n’en a pas besoin. Elles vont faire bon usage des matériels, technologies et connaissances existantes et penser à allonger la durée de vie du produit.
On peut investir beaucoup de temps et d’argent dans un produit high-tech, alors qu’un objet low-tech faisait déjà bien l’affaire. Peut-être qu’un modèle plus ancien n’était pas obsolète, la fonction visée du produit aurait pu se faire sans autant de ressources ou tout simplement on n’avait pas besoin de toutes les fonctionnalités censées changer notre vie !
Favoriser la low-tech, c’est donc prendre une approche écologique à la conception d’une technologie. Regardons maintenant l’aspect écolo plus en détail !
Pour la planète et le portefeuille : les avantages de la low-tech
En réduisant le niveau de technologie, on profite de nombreux avantages écologiques (et par conséquent, économiques) !
La low-tech réduit le besoin en ressources nécessaires
Réduire le niveau de technologie, c’est généralement diminuer le nombre de composants utilisés, ce qui diminue ensuite le besoin en matières. Si un objet ne nécessite pas de batterie rechargeable lithium-ion, par exemple, cela fait un minerai de cobalt en moins qui doit être extrait de la terre dans la République Démocratique du Congo, un pays riche en minerais qui est scandaleusement exploité depuis plus de 20 ans, afin de nourrir notre dépendance aux téléphones portables.
La low-tech limite les causes de pannes
Si un objet a moins de fonctionnalités high tech et complexes, telles qu’un écran LED, il va forcément moins tomber en panne. Une montre normale (c’est-à-dire, pas une montre ‘smart’, mais une montre qui ne contient que le mécanisme), elle n’aura pas de pannes associées à l’écran et toute panne serait facilement réparable par un.e horloger.e.
La low-tech permet une réparabilité plus simple
En plus de tomber moins souvent en panne, un tel objet possède des fonctionnalités plus simples ce qui garantit une réparabilité plus simple de l’objet. Notre vieil ami, le vélo, par exemple, va être beaucoup plus simple à réparer qu’une voiture, et en plus, la réparation peut être faite la plupart du temps par le.la cycliste lui ou elle-même à l’aide de quelques outils facilement disponibles.
La low-tech mène à une durabilité plus importante
Finalement, si un produit a été fait avec la réparabilité à l’esprit, il va durer plus longtemps ! Acheter durable fait donc économiser de l’argent aux consommateur.rices, puisque garder plus longtemps un produit, cela veut dire en acheter moins au cours de notre vie. Cela a évidemment un important impact écologique, car en achetant moins de produits, on fait extraire moins de ressources impliquées dans la fabrication ou distribution.
Concevoir les objets pour être plus réparables et durables et moins susceptibles de tomber en panne, cela permet aussi de lutter contre la fameuse obsolescence programmée ! En remettant le savoir-faire de l’individu au centre de l’innovation, on enlève les barrières autour de ce savoir-faire et on redistribue le pouvoir aux consommateur.rices, plutôt qu’aux entreprises énormes.
La low-tech à l’oeuvre : de remarquables exemples
Des lampes simples et sûres, et surtout sans électricité !
À l’intérieur des bidonvilles non raccordés à l’électricité, il y a très peu de lumière pour vivre. Un ingénieur brésilien a pensé une solution simple mais ingénieuse à ce problème important qui apporte la lumière à petit prix. Les composants low-tech nécessaires : une bouteille en plastique pleine d’eau et d’un peu d’eau de Javel (pour empêcher la croissance des algues), une toiture en métal et de l’enduit. On coupe un trou dans la toiture pour mettre la bouteille pleine dedans jusqu’au milieu et on le rebouche autour. On remplace une des toitures du toit avec cette toiture spéciale et on rebouche autour. Cette méthode permet à la lumière naturelle d’éclairer la pièce, la bouteille servant à refléter et réfracter les rayons de soleil. Et voilà une source de lumière pas chère ni difficile, qui va servir pendant longtemps !
Des couveuses portables et sans barrière
1 million de bébés meurent le jour de leur naissance, principalement à cause de raisons évitables, comme l’hypothermie. 98% de ces bébés sont nés dans des pays en voie de développement, qui n’ont pas forcément les ressources pour se munir de couveuses ou en avoir assez pour tous les nouveaux-nés. Les couveuses ont besoin d’électricité et de matières dures. Pour aborder ce problème, des étudiants de l’université de Stanford ont conçu une couveuse en forme de duvet qui utilise des chaufferettes qui génèrent de la chaleur par le biais d’un procédé physico-chimique. Cela permet de garder les bébés au chaud pendant 6 heures.
Une solution qui semble assez simple, mais elle démocratise une technologie vitale qui sauve beaucoup de vies chaque jour.
Des microscopes en papier
Le microscope, une invention clé dans le diagnostic des maladies, la promotion de l’hygiène et la mesure de la biodiversité, permet de lutter contre presque tous les problèmes auxquels on fait face aujourd’hui. Pourtant, il est lourd, complexe, cher et peu facile à entretenir, ce qui le rend donc largement inaccessible pour beaucoup de communautés dans des pays en voie de développement.
Des chercheurs ont créé une solution. Le Foldscope, un microscope fait d’une feuille de papier, qui se plie facilement en forme de microscope, qui est disponible pour environ $1 américain. Léger, compact, facile à utiliser et peu cher à fabriquer soi-même, le Foldscope est une solution ingénieuse qui a le potentiel de créer un énorme impact.
Ancien mais pas obsolète
Des lave-linges sans écran
Ok, c’est vrai que cet exemple semble très banal. Ce n’est pas même un produit qui a été fabriqué dans le but d’être low-tech, mais il existait avant l’addition des écrans à nos appareils, et il existe toujours ! Pourtant, la valeur d’un tel produit ne saute pas aux yeux des consommateur.rices à qui on apprend que plus un produit est technologique, plus il est efficace. La low-tech c’est justement trouver, quelle que soit la façon, une solution ou un produit qui fonctionne le plus simplement possible, sans sacrifier l’efficacité mais en réanalysant nos envies de fonctionnalités qui s’avèrent être de trop.
Un autre exemple, même plus évidemment low-tech : des lave-linges facilement installables sur l’arrière d’une bicyclette qui fonctionnent lorsque l’on fait du vélo. Une bonne façon de faire du sport en lavant son linge !
Pourquoi la low-tech est-elle importante ?
Ces exemples montrent qu’il ne faut pas toujours penser à la solution la plus grande, complexe ou impressionnante pour bien résoudre un problème. Il faut, par contre, bien penser chaque étape dans la fabrication d’un produit pour évaluer si l’on en a vraiment besoin. Des fois, il y a des solutions sous le nez de celui ou celle qui cherche !
En outre, ces exemples soulignent la forte importance sociale de ces inventions low-tech. Pour un meilleur monde, il ne faut pas oublier l’égalité, qui n’est malheureusement pas la norme. Il est essentiel donc de rendre accessible toutes les technologies importantes qui vont donner des opportunités à toutes et à tous, quel que soit leur pays ou milieu d’origine.
Pour résumer, la low tech, c’est le futur de la technologie éco conçue ! Il ne s’agit pas d’un retour en arrière, mais plutôt d’une vision d’un futur durable où l’on peut continuer à innover pour faire progresser notre société. Il faudrait peut-être repenser nos habitudes. On peut exploiter ce désir pour un meilleur monde plus innovatif, en pensant bien les choses, et surtout sans courir après tout ce qui est high-tech. Il s’agit surtout d’éviter de confondre “innovation” avec “high-tech” et questionner la motivation derrière les achats que l’on fait, ainsi que notre approche à l’innovation.
Et toi, quels exemples as-tu de produits low-tech qui sont plus solides, réparables et durables ?
As-tu tes façons de faire des choses du quotidien qui sont low-tech ou un peu différentes ? Partage-les en commentaires !
Sources :